Je me souviens de la première fois où je vous ai vue. Je me baladais sur ce site internet bien connu et le hasard m’a guidée vers vous. Je suis restée un moment à vous contempler, absorbée par tant de beauté. J’étais en admiration devant vos courbes, leur arrondi parfaitement mis en valeur par votre si joli profil. Hésitante, ma souris a finalement osé cliquer sur cet impersonnel bouton « en savoir plus ». Votre présentation m’a confirmé cet étrange sentiment : nous étions faites pour nous rencontrer.
Pourtant, je n’ai pas osé. J’ai fermé mon navigateur et j’ai essayé de vous oublier. C’est que… je vous dois un aveu : ce coup de foudre m’a terriblement surprise ! Jamais encore je n’avais été séduite par des lignes si féminines, si délicates. Pourtant, malgré tous mes efforts, vous ressurgissiez régulièrement dans mes pensées.
Je suis revenue souvent vous voir en cachette. A chaque fois, la seule vision de votre photo me serrait le cœur. Vous étiez là, gracieuse et élégante, comme si vous m’attendiez. Il m’aura fallu plusieurs semaines avant d’oser et de me lancer.
Passées les quelques formalités d’usage incontournables dans ces cas-là, rendez-vous était pris. Vous aviez mon adresse et mon numéro de téléphone. Nous devions nous rencontrer chez moi quelques jours plus tard.
Cette attente m’a semblé interminable. J’étais fébrile, impatiente, nerveuse. J’ai cru défaillir lorsque j’ai reçu ce message m’informant d’un contre-temps. Vous étiez retenue ailleurs et deviez reporter cette rencontre. Nous avons convenu d’un nouveau rendez-vous, le lendemain.
Je mis beaucoup de temps à me préparer ce jour-là. Je voulais être belle pour vous accueillir. J’ai verni mes ongles d’un rouge proche de celui qui vous habillait sur vos photos, un simple trait noir pour souligner mon regard et encore ce rouge profond sur mes lèvres. J’enfilai une jolie robe style 50’s, soignai ma coiffure et vous pris mon mal en patience.
Lorsque la sonnette retentit, mon sang ne fit qu’un tour ! Enfin, j’allais vous rencontrer.
Après un court échange de banalités vous étiez là, encore plus belle que je ne me l’imaginais. A mesure que je caressais l’arrondi de vos courbes, que je débouclais soigneusement cette bride de cuir autour de votre cou qui vous rendait si sexy, tous mes doutes s’envolèrent. Nous étions faites l’une pour l’autre.
Vous ne pouvez imaginez la déception que j’ai ressentie lorsque j’ai compris que notre relation, à peine consommée, devrait déjà s’arrêter et qu’il nous fallait nous séparer.
J’ai beau vous désirer infiniment, la situation est invivable. En effet, ma chère, si chère paire d’escarpins, vous me broyez les pieds !
Photo by Robert Metz on Unsplash
Emmanuelle Bastien
Bonjour,
Voilà un fort joli texte qui joue sur l’ambiguïté et ménage une chute surprenante !
Connaissez-vous les micro fictions de David Thomas ? Il me semble que votre texte en soit une…
Bien à vous,
Emmanuelle.
Plume
Bonjour Emmanuelle,
merci pour votre lecture et ce joli commentaire. Je ne connais pas du tout David Thomas, j’irai le découvrir avec joie. Lire votre usine à paroles également.
Belle soirée.
Au plaisir de vous croiser ici ou là.
O.