Dans ses Fleurs du Mal, Baudelaire disait « les parfums, les couleurs et les sons se répondent ». Parfois, lorsque j’écoute de la musique, il se passe des choses étranges et mon imagination va très très loin.
Récemment, j’ai découvert un groupe que je ne connaissais absolument pas. Enfin leur nom ne m’était pas inconnu, mais leur musique totalement. Ce groupe c’est Genesis. Un groupe britannique, formé dans les années 70, avec entre autre Peter Gabriel et Phil Collins, deux noms qui ne te sont sans doute pas complètement inconnus.
Donc, il y a quelques jours, dans ma voiture, en sortant du travail, j’écoutais Genesis. Un morceau qui s’appelle Supper’s Ready. Et là, pendant que le morceau se déroulait, mon esprit s’est mis à vagabonder, et j’ai vu un savon naître sous mes yeux.
Une pâte blanche, dans laquelle se coulaient doucement des lignes de pâte bleue, de pâte jaune, orange, verte et noire. Et puis un cintre passait là-dedans pour brasser tout ça. Tu sais ce que c’est le plus drôle, c’est que je n’avais jamais encore réalisé de savon au cintre ! Comme quoi, des fois, le cerveau fait des associations étranges.
Les parfums n’ont pas tardé à s’en mêler eux aussi. Des notes de patchouli, d’encens, peut-être d’agrumes. Une fleur pour apporter de la légèreté. Lavande ? Oui pourquoi pas.
Rentrée chez moi, j’ai réfléchi à tout ça, et je me suis dit que ce savon, il fallait vraiment que je le fasse !
D’abord, j’ai noté toutes ces idées pour ne pas oublier. Puis je suis aller me perdre sur youtube, dans les vidéos de marbrage « swirl ». C’est finalement cette vidéo Flow Cosmétique, qui m’a branchée. Comme elle est aussi sur le groupe « savons faits main’, j’ai aussi pu lui demander des précisions !
Il me fallait une recette avec une trace fine pour pouvoir couler tranquillement, et ne pas faire un carnage. Et la gestion de la trace, ce n’est pas vraiment mon truc, j’ai souvent une pâte beaucoup trop épaisse pour les marbrages que je prévois…
Donc, voilà la recette que j’ai élaboré, pour 1kg d’huiles :
– 50 g d’huile végétale de cameline
– 250g d’huile végétale de coco
– 200g d’huile d’olive
– 200g d’huile végétale d’arachide
– 50g d’huile végétale d’avocat
– 50g d’huile végétale de sésame
– 200g de beurre végétal de karité.
La soude est à recalculer. Pour ma part, j’ai surgraissé à 10%, en réduction de soude.
Voilà ce qu’en dit soapcacl. Un savon donc équilibré, qui doit être très doux. Et d’après mes copinautes de savons faits main, la trace devait être lente.
Bon, une fois la recette élaborée, je suis allée faire un tour dans mon stock de fragrances. Et ô surprise ! J’avais oublié que j’ai justement un flacon de la fragrance « Karisme » de la merveilleuse boutique « La Folie des Senteurs » ! Et tu sais quoi ? Karisme, ce sont justement des notes d’orange douce et de lavande, combinée à des notes de patchouli, d’encens et d’ambre. Exactement ce que je voulais !
Cette recette, j’ai décidé de la travailler au fouet, et pas au mixeur, pour avoir la meilleure maîtrise possible de la trace. J’ai aussi choisi d’intégrer la fragrance dans les huiles avant la soude, pour les mêmes raisons. La fiche technique de la fragrance disant qu’il peut y avoir une légère accélération de la trace.
Et tu sais quoi ? Pour une fois, tout a été parfait !! Ma trace était liquide, presque un peu trop liquide. Mais que c’est agréable de marbrer sans se précipiter, de travailler lentement, d’avoir le temps.
J’ai ajouté aussi un peu de dioxyde de titane, pour blanchir la pâte. Avec les huiles d’olive et d’avocat, j’avais peur que ça tire plus sur le vert que sur le blanc ! Et j’ai utilisé les micas La Folie des Senteurs Clémentine Pop, Vert Caraïbes, Bleu Tropical, Sorbet Citron et pour le noir un peu de charbon.
Donc, j’ai pu couler mes pâtes tranquillement, passer le cintre à l’intérieur, en faisant des cercles d’abord tous petits, puis de plus en plus grands.
Ce savon a mis ma patience à l’épreuve ! Coulé samedi soir, je n’ai pu le démouler que mardi soir. J’ai coupé une première tranche mercredi, mais il était encore trop mou… J’ai donc du patienter jusqu’à vendredi !
Voilà le résultat.
La pâte craquelle un peu. Je pense que c’est à cause du dioxyde de titane qui a dû mal se mélanger. Mais je le trouve malgré tout magnifique !
Et toi, ça t’arrive d’être inspiré par des œuvres d’art ? Des photos, des tableaux, des musiques ? Dis moi tout !